jeudi 6 octobre 2011

Moimoi 2ème partie

06. À quelle vitesse écrivez-vous ?

Haha. Heu. Lentement? Peut-être? Je ne sais pas. En fait je passe par de longues périodes d'inactivité et de procrastination, et puis je m'y mets d'un coup. Donc en temps effectif je sais pas ce que ça rend. J'ai tendance à beaucoup penser en amont et concevoir le déroulement des scènes dans ma tête; une fois que ce boulot-là est fait, écrire c'est vraiment pas le plus dur. Le tout est de commencer.



07. Qu’est-ce que vous ne pouvez vous empêcher de mettre dans vos textes ?

Dans les archétypes de personnage, les pétasses. Il me faut au moins une pétasse. Un personnage féminin flamboyant à la Tyra Banks qui ne se gêne pas pour dire aux gens leurs quatre vérités, et qui fait passer sa Very Importante Personne avant tout. Surtout il ne faut pas croire qu'une pétasse est pour moi un personnage négatif, au contraire. Ce que j'aime chez la pétasse, c'est qu'elle est très directe et qu'elle s'assume. J'aime les personnages qui ne compliquent pas les choses inutilement et qui savent ce qu'ils veulent dans la vie.


Dans les archétypes d'histoire, j'aime les drames familiaux et les relations conflictuelles entre parents. Une famille est une drôle de chose dans l'absolu; quand leurs membres s'entendent bien, c'est tant mieux pour tout le monde, mais il s'agit quand même d'un groupe d'individus qui peuvent avoir des intérêts qui clashent et des cheminements personnels bien distincts, qui sont forcés d'un point de vue social de cohabiter, de s'entraider et, si on pousse un peu, de s'aimer, sur la base qu'ils partagent le même sang. On ne choisit pas sa famille, dit-on, et ce seul fait est pour moi une source de fascination et d'inspiration infinie.



08. Papier-stylo ou Word-clavier ?

Quand je note mes idées, papier-stylo. Je vais parfois écrire des dialogues entiers sur papier aussi, mais je suis très cradasse dans mon écriture, et les cahiers que je remplis sont invariablement bourrés de ratures, d'astérisques renvoyant à d'autres bouts de texte griffonnés sur une autre page, de flèches anarchiques pointant vers des notes dans les marges et les coins de page... J'ai intérêt à passer tout ça au propre sous Word tant que je me souviens de ce que tout ce fatras veut dire. Il m'est arrivé de relire mes notes pour des vieux projets, eh ben je serais bien emmerdée si je devais retrouver le sens précis de tout ça maintenant.
J'aime bien écrire sous Word, parce que ça me donne l'illusion que je suis quelqu'un de propre et d'ordonné.



09. Quel thème ressort de l’ensemble de votre production écrite ?

J'en distingue au moins cinq, dont deux "couples" de thèmes qui vont ensemble: l'incompréhension et l'incommunicabilité, le deuil et la transformation, et la rédemption. Pour le premier, je pense qu'il est à la base de n'importe quelle histoire: le quiproquo, le fait que le message ne passe pas, et ensuite un conflit en résulte. Chez moi, cela est représenté souvent par un personnage qui est en porte à faux par rapport à un système, à la société, à sa famille... Il se retrouve en marge car on ne le comprend pas. Parfois il peut s'agir de personnages qui ne se comprennent pas mutuellement, comme Quentin et Mathilde dans Geek & Girly. Quant à l'incommunicabilité, pour moi cela implique que l'autre est un mystère et le restera à jamais. On ne peut pas avoir accès à ses pensées, peu importe à quel point on l'aime. L'amour peut-être un moyen de transcender ce mur inexpugnable, mais ça reste un moyen imparfait. Au final, quelqu'un peut dire quelque chose et penser le contraire, ou se mentir à lui-même, et ce n'est pas parce qu'une parole est dite qu'elle est vraie. J'ai souvent recours à ce procédé en fiction; le lecteur a tendance à croire que lorsqu'un personnage parle, il dit ce qu'il pense; pour moi, on peut avoir un million de raisons de dire quelque chose, mais le souci de véracité n'en fait pas forcément partie.
Pour le deuil et la transformation, ce sont des thèmes qui m'ont toujours hantée. Et je n'entends pas "deuil" au seul sens morbide du mot: pour moi le deuil est ce qui aide à franchir une étape et aller de l'avant. C'est l'acceptation du changement, du fait que rien n'est éternel. Pour moi, on peut faire le deuil de toutes sortes de choses: le deuil d'une idée, le deuil d'un sentiment, le deuil d'un objet... Il peut être un long processus, où les choses stagnent et pourrissent avant de se renouveler. Il est le réflexe qui permet d'évoluer, ce qui est vital chez un personnage selon moi. J'ai besoin d'écrire des personnages qui évoluent, qui changent d'idées, en le payant parfois au prix fort.
Enfin, la rédemption. J'aimerais vider ce mot de toute connotation chrétienne; il ne s'agit pas de sens moral et de quête d'un pardon pour ses péchés: pour moi la rédemption s'accomplit lorsqu'on est en accord avec soi-même, quand on parvient à s'accepter tel qu'on est, ce qui permet ensuite de parvenir à vivre avec soi-même. C'est, proprement, le "deviens ce que tu es" nietzschéen. Le créateur qui m'influence le plus pour ce thème particulier est... Joss Whedon (encore lui). Étant athée, et un athée intelligent de surcroît, Whedon parvient à éviter le piège de verser dans la chrétienté lorsqu'il parle de rédemption, et je crois que c'est ce que tous ses personnages cherchent, à un degré ou à un autre: vivre en accord avec eux-mêmes.



10. Que corrigez-vous en ce moment ?

Quelques dialogues dans Mytho... histoire qu'ils soient parfaitement clairs et immédiatement compréhensibles. Le problème étant que ça peut vite devenir lourd et pataud quand on cherche à être trop explicite, et trouver un juste milieu n'est pas une mince affaire.



11. En tant qu’auteur (et non lecteur), préférez-vous écrire des nouvelles ou bien des romans ?

En tant qu'écrivain, je préfère écrire des nouvelles. Je suis venue au monde de la littérature par ça d'ailleurs; je sais pas si je pourrais tenir l'écriture d'un roman tout entier. En tant qu'auteur de bédé, les histoires courtes ou les one-shots c'est pas trop mon rayon. J'aime m'étaler, avec des personnages et une histoire qui se construisent au fur et à mesure, avec une longue chronologie et un background fouillé... Je ne sais pas pourquoi c'est une tendance qui s'inverse comme ça d'un medium à l'autre.

12. Avez-vous des épiphanies créatives ?

Oui, en général sous la douche ou juste au moment où je m'apprête à dormir, quand je suis déjà au lit et que j'ai éteint la lumière. Autrement dit, quand je n'ai pas de papier et de crayon à portée. Il m'est arrivé de sortir immédiatement de la douche ou de rallumer la lumière et de bondir hors du lit juste pour noter une idée ou une réplique que je ne voulais surtout pas oublier.

3 commentaires:

  1. Continue c'est passionnant!
    Je l'avais fait ce questionnaire l'an dernier mais mes réponses sont bcp moins développées -et pas superbement illustrées comme ici. XD
    "mais Mortimer, soudain..."

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  2. Tiens, on a les mêmes moment pour la créativité :XD: (sauf que dans mon cas c'est les scénarios de jdr ^^)
    En tout cas je rejoints Algésiras, c'est intéressant à lire, encore ! :D
    (Au fait, un endroit où lire tes nouvelles du coup =p ?)

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  3. Algésiras> Oh, merci beaucoup, ça me fait très plaisir, j'avoue que j'ai décidé de remplir ce questionnaire juste pour avoir un truc à updater sur ce blog, mais c'est chouette de savoir que ça intéresse des gens, et toi en particulier! <3
    Alrack> Merci beaucoup à toi aussi! Heu, pour mes nouvelles je sais pas, elles sont peut-être trouvables sur Amazon; ça s'appelle "Histoires à décrocher la lune" aux éditions Anne Carrière, et c'est sous mon vrai nom (Maëva Poupard) ^^

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